En complément de l’article sur les aspects sociétaux et la démarche de partage, voici une présentation d’un exemple concret qui pourrait vous inspirer !
Au-delà de l’écologie, voici un exemple de réalisation biologique
La démarche du collectif FAA « Fontaine Aux Abeilles » de Saverne est un exemple qui va très loin dans l’aspect solidaire, mais aussi dans l’engagement sanitaire dit « BIO ».
Les matériaux choisis sont naturels, dits « biosourcés », la structure hors sol est en bois, les murs sont respirants, tous les produits et les flux sont biocompatibles. Ainsi, les installations électriques sont blindées, des interrupteurs de champs protègent les zones de nuit de toute pollution électromagnétique, la TV, le téléphone et le réseau Internet sont filaires, sans Wifi etc.

Ce projet, démarré en 2006, reçoit dès le départ le soutien en conseils de l’association ECO-QUARTIER de Strasbourg et du Parc des Vosges du Nord. Depuis, quelques villes pilotes, dont l’Eurométropole de Strasbourg, ont engagé de fortes politiques incitatives en ce domaine.
Les choix architecturaux du groupe
Les remarques de chacun sont évaluées collectivement, et les options consensuelles ou consenties sont prises en compte dans l’évolution du projet. L’évolution se fait par des dialogues progressifs, intégrés dans des propositions d’esquisses de l’architecte, évaluées par le groupe au fur et à mesure des étapes, jusqu’à la phase de dépôt du permis de construire. Voici les points essentiels qui ont été choisis et mis en œuvre dans ce projet.

Des tracés régulateurs dynamisent l’ensemble, avec des modules de maisons s’inscrivant dans un rectangle harmonique en rapport « racine de deux ». Les arcs de baies sont déployés selon la coudée solaire locale, calculée en fonction des proportions de l’ombre portée au solstice d’été. Nous développerons le sujet des tracés régulateurs dans une prochaine lettre.
Le concept est souhaité compact, développé en chapelet de maisons accolées, qui sont de couleurs différenciées, et apparaissent légèrement décalées, dans le respect des possibilités limitées du plan local d’urbanisme.
L’ensemble du soubassement est volontairement partagé, accessible de l’intérieur par tous les habitants, et équipé pour les personnes handicapées. La série des caves privées sans fenêtre se situe contre le mur enterré sud (terrasses du RDJ), voir la partie entourée en bleu sur l’image ci-dessous.
Au sud, côté jardin, au-dessus des caves, les façades sont totalement vitrées en passif, et arrondies pour mieux accueillir la course solaire.
Les terrasses sud sont intimisées par des redents, et les jardins privatifs sont séparés par des haies arbustives fleuries variées. L’essentiel des maisons sont en duplex avec un escalier intérieur, et disposent d’une terrasse en rez-de-jardin (RDJ), prolongé par les espaces verts privatifs et collectifs. La réalisation compte aussi deux appartements d’étage, qui chacun disposent d’un escalier d’accès direct extérieur, l’un avec une terrasse privée et l’autre un petit jardin personnel.
Les espaces partagés

La distribution générale du soubassement est séparée par un couloir, avec côté rue où le terrain est bas (entouré en jaune) les pièces nobles aménagées, et côté jardin où le terrain est plus haut (encadré de bleu) toutes les fonctions enterrées sans lumière naturelle. Au total, près d’un tiers de la surface bâtie totale est mutualisé et accessible aux handicapés.
Sont communs à l’intérieur :
– en vert dans l’image, trois entrées avec placards à vêtements et chaussures,
– en bleu, la buanderie avec zone de séchage du linge, ainsi qu’une salle d’eau,
– en jaune, deux chambres d’amis, un bureau, une grande salle de réunions + cuis.
– en hachuré , un grand garage pour vélos, poussettes et stock,
– en gris une miellerie, les caves individuelles et un rangement,
– en blanc une réserve à granulés, la chaufferie et un atelier bois commun.
Sont partagés à l’extérieur : un parking collectif, une coursive d’accès aux entrées, un bandeau vert arboré sur rue, des jardins productifs, un verger partagé, un dôme-pergola de réunion en plein-air, un séchoir à fruits, des jeux d’enfants… Les deux tiers du jardin et des espaces extérieurs sont participatifs.
Des atouts pour l’environnement… et la santé !
Une attention particulière a été portée aux choix respectant le milieu naturel, à la fois au niveau des matières, des énergies et des flux.
Des parois super-isolées
Toutes les baies vitrées sont en triple vitrage, et les façades sud bioclimatiques arrondies en solaire passif bénéficient de verres spéciaux à haut facteur solaire. C’est le chauffage principal et gratuit de la résidence.
En appoint collectif, lorsque le solaire passif ne suffit pas tout à fait en période froide et nuageuse, une petite chaudière à biomasse (granulés bois) tempère des radiateurs avec un circuit automatisé en chaleur douce.
Dans toutes les parois extérieures opaques, l’isolation moyenne est de 40 cm d’épaisseur de cellulose et de laine de bois sur tous les murs, dalles et toits. Du liège est placé sous les dallages du RDC et les chapes d’étages. Les murs en béton du soubassement, partiellement enterré, sont isolés avec des panneaux de fibre de chanvre en forte épaisseur. Au total, en comprenant les isolants entre solives des dalles, la réalisation comptabilise environ 800 m3 d’isolant végétal.
135 tonnes de CO2 sont ainsi stockées dans la structure en bois, les isolants végétaux et les habillages.
Cela représente un important puits de carbone, équivalent à 916 années de chauffage si ce dernier était assuré par des hydrocarbures !
Nous reviendrons en détail dans un prochain article sur ces compositions de parois en structure bois, très performantes

Conception & dessin : Rémi FLORIAN Architecte DEA & Ingénieur
Des flux écologiques et économiques
Le FEU : La copropriété s’est équipée de 10,28 m2 de panneaux solaires thermiques posés en toiture, couplés en chaufferie à un échangeur alimentant le ballon tampon de 800 litres pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, qui bénéficie en complément d’un ballon spécifique de 500 litres. Cet équipement permet d’assurer sur l’année, malgré le climat semi-continental alsacien qui peut être très froid en hiver, une couverture solaire gratuite de près de 60%.
L’AIR et la TERRE : chaque logement bénéficie d’une ventilation tempérée à chaque étage, grâce à un puits canadien en tubes de grès vernissé circulant dans le sol, et un plénum individuel en maçonnerie avec chicanes de terre crue doublant le mur enterré. Le tout est équipé d’une motorisation modulable pour ventilation par insufflation de type « VMI » dans les pièces principales, avec des sorties en pièces humides vers un système naturel venturi hors toit.
Dans les extrêmes climatiques alsaciens, le gain mesuré est d’environ 17°C. En été, par +37° à l’ombre dehors, l’air neuf est insufflé à +20°. En hiver, lorsqu’il fait -7° à l’extérieur, l’air entrant est à +10°. Les économies et le confort d’une telle ventilation sont donc substantiels ! Nous préciserons l’intérêt et la composition du puits canadien-provençal avec plénum tempérant BIO dans un prochain article.
L’EAU : une cuve d’eau pluviale enterrée en béton sous le parking permet une récupération des pluies d’une contenance de 12000 litres, qui alimentent de manière automatisée tous les WC, la laverie commune, les robinets de service du parking, les terrasses et les jardins, avec en complément pour l’extérieur une pompe secondaire manuelle. Une cuve extérieure d’appoint de 600 litres, posée sur socle en béton pour un puisage gravitaire, complète cette installation. Nous reviendrons dans un prochain article sur la récupération d’eau de pluie.